La plasticienne Amal Kenawy est née au Caire où elle étudie le cinéma et le design de mode à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut du Cinéma puis obtienne un BA en peinture de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Helwan.

Ses premières œuvres sont réalisées avec son frère, Abdel Ghani Kenawy, entre 1997 et 2002: il s’agit surtout de sculptures et d’installations dont les structures impliquent physiquement le spectateur. À partir de 2002, elle signe seule ses œuvres favorisant la performance et la vidéo.

Caractéristiques de l’introspection dont l’artiste a su faire preuve tout au long de sa carrière, Purple Artificial Forest et Boody-Trapped Heaven, s’attachent à représenter, entre lutte et égarement, le chemin laborieux vers la connaissance socratico-platonicienne du Soi. Elle réinstaure alors le « Soi » comme origine du Tout et le replace à la naissance du monde tel qu’il s’offre à nous.

[…] Quand je pense au déplacement en tant qu’Etat, ce qui me vient à l’esprit n’est pas le déplacement physique causé par les frontières qui séparent les sociétés, mais les ruptures endurées par l’entité humaine qui se déplace avec ses contradictions, ses rêves, ses émotions et ses sentiments, qui ne sont rien d’autre qu’une manifestation de la société et de ses variables.

Le déplacement est pour moi la transformation de l’homme de son propre moi en un autre état, un état dans lequel son corps est réduit à une simple coquille; à l’intérieur de cette coquille se produit une métamorphose au cours de laquelle une séparation totale des éléments a lieu : la forme physique extérieure se détache de son contenu, des rêves de longue vie de la réalité. L’homme devient étranger non seulement au monde extérieur, mais également à son moi démantelé.[…]

Amal Kenawy, Fondation Khalid Shoman – Darat Al Funun, p. 64-65