Abdeljalil Lahjomri

Mot du Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc

Il y a de cela bien longtemps on dénommait le Ministère de l’éducation : Ministère de l’Instruction et des Beaux – arts. Les Beaux arts disparurent. Resta l’instruction. La biennale de l’art contemporain  de Rabat est l’heureuse  résurgence de ces Arts qualifiés de Beaux, parce que  ses initiateurs sont convaincus comme les artistes qui y participeront que c’est la Beauté qui sauvera le monde.  Eugène Delacroix, qui révéla le Maroc, le vrai, « au regard de l’ Autre », n’avait-il  pas écrit dans le récit de son voyage que dans notre pays la Beauté courrait les rues. On peut, sans aucune exagération  déplacée, affirmer que tout au long  de  cette manifestation  organisée sous le Haut patronage de SA MAJESTE LE ROI,   la beauté allait continuer à courir  et  à envahir  les rues, les espaces, les galeries, les jardins, les monuments historiques de la capitale du Royaume, capitale de la lumière et de l’illumination artistique dans sa plénitude.  Parmi ces lieux et ces monuments, Le Fort Rottemberg, appelé aussi Fort Hervé par tous ceux qui dans leur enfance craignaient de s’approcher de cette bâtisse inquiétante. Ce lieu  qui fut un lieu  de désolation guerrière, abritera des œuvres qui transformeront son architecture en des formes dont la séduction attirera un public avide de découvertes, d’innovations, de savoir et de culture. Pour preuve, devant le Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des personnes, au nombre grandissant, tout âge confondu, composé de femmes et d’hommes, issus de milieux sociaux divers, viennent admirer l’imposante  sculpture de Osmane Sow,  notre ami, celui des artiste, et celui du Maroc, et n’hésitent pas, tout autant,  à se faire photographier devant l’œuvre  désarmante   et  déconcertante   de Fernando Bottero.

En 1969, le groupe qu’on appelait « groupe de Casablanca » (Belkahia, Chebaa, Melehi) avait bousculé les conventions et imaginé au sein même de  la Place Jama El Fna, une exposition qui déjà s’appropriait un espace bouillonnant  d’inventivité.  Comme un lointain écho à cette première et   solitaire      initiative   cette biennale animera  Rabat  en peinture, en sculpture, en poésie, en littérature,  en cinéma, en musique, à la recherche d’une définition renouvelée de  l’art, comme le suggère son titre  « UN INSTANT AVANT LE MONDE ».  L’instant de la gestation et de l’enfantement,   l’instant où va surgir de la main du peintre ou du sculpteur, de l’instrument du musicien  ou de l’inspiration du poète, le premier geste, la première note, le premier mot qui annonceront   la singularité   de l’œuvre à venir,   son étrangeté,   ses paradoxes, son altérité, parfois ses extravagances,  ses ténébreuses  obscurités.

Les organisateurs de cette biennale disent « qu’elle ouvre une réflexion sur l’urgence de la création… en examinant les moments décisifs qui poussent les artistes à passer à l’action », ces moments qui « forcent » l’artiste à s’évader du monde de la banalité pour accéder au monde de la créativité. Le poète  au cours d’un de ces moments n’a- t-il pas  crié  s’adressant au ciel : « tu m’as donné de la boue, j’en ai fait de l’or».

 

Et le dialogue entre les disciplines que veulent les initiateurs (allant des arts visuels et de l’architecture, à la danse et à la performance) rappelle étrangement les « correspondances » du même poète qui font de l’artiste « un passeur » qui perçoit « les échos qui se confondent » « les couleurs et le sons qui se répondent » « les symboles et les analogies » , « passeur » qui nous aide à  déchiffrer l’unité dans la diversité, l’utilité des arts dans leur inutilité même.

La biennale de Rabat trouvera sa place dans les innombrables biennales de par les grandes capitales du monde parce qu’elle ambitionne d’être, de devenir l’espace libre d’une créativité  libre, liberté féconde  s’exprimant  dans les différentes manifestations de l’art contemporain.


Abdeljalil Lahjomri

Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc

Il y a de cela bien longtemps on dénommait le Ministère de l’éducation : Ministère de l’Instruction et des Beaux – arts. Les Beaux arts disparurent. Resta l’instruction. La biennale de l’art contemporain de Rabat est l’heureuse résurgence de ces Arts qualifiés de Beaux, parce que ses initiateurs sont convaincus comme les artistes qui y participeront que c’est la Beauté qui sauvera le monde. Eugène Delacroix, qui révéla le Maroc, le vrai, « au regard de l’ Autre », n’avait-il pas écrit dans le récit de son voyage que dans notre pays la Beauté courrait les rues. On peut, sans aucune exagération déplacée, affirmer que tout au long de cette manifestation organisée sous le Haut patronage de SA MAJESTE LE ROI, la beauté allait continuer à courir et à envahir les rues, les espaces, les galeries, les jardins, les monuments historiques de la capitale du Royaume, capitale de la lumière et de l’illumination artistique dans sa plénitude. Parmi ces lieux et ces monuments, Le Fort Rottemberg, appelé aussi Fort Hervé par tous ceux qui dans leur enfance craignaient de s’approcher de cette bâtisse inquiétante. Ce lieu qui fut un lieu de désolation guerrière, abritera des œuvres qui transformeront son architecture en des formes dont la séduction attirera un public avide de découvertes, d’innovations, de savoir et de culture. Pour preuve, devant le Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des personnes, au nombre grandissant, tout âge confondu, composé de femmes et d’hommes, issus de milieux sociaux divers, viennent admirer l’imposante sculpture de Osmane Sow, notre ami, celui des artiste, et celui du Maroc, et n’hésitent pas, tout autant, à se faire photographier devant l’œuvre désarmante et déconcertante de Fernando Bottero.

En 1969, le groupe qu’on appelait « groupe de Casablanca » (Belkahia, Chebaa, Melehi) avait bousculé les conventions et imaginé au sein même de la Place Jama El Fna, une exposition qui déjà s’appropriait un espace bouillonnant d’inventivité. Comme un lointain écho à cette première et solitaire initiative cette biennale animera Rabat en peinture, en sculpture, en poésie, en littérature, en cinéma, en musique, à la recherche d’une définition renouvelée de l’art, comme le suggère son titre « UN INSTANT AVANT LE MONDE ». L’instant de la gestation et de l’enfantement, l’instant où va surgir de la main du peintre ou du sculpteur, de l’instrument du musicien ou de l’inspiration du poète, le premier geste, la première note, le premier mot qui annonceront la singularité de l’œuvre à venir, son étrangeté, ses paradoxes, son altérité, parfois ses extravagances, ses ténébreuses obscurités.

Les organisateurs de cette biennale disent « qu’elle ouvre une réflexion sur l’urgence de la création… en examinant les moments décisifs qui poussent les artistes à passer à l’action », ces moments qui « forcent » l’artiste à s’évader du monde de la banalité pour accéder au monde de la créativité. Le poète au cours d’un de ces moments n’a- t-il pas crié s’adressant au ciel : « tu m’as donné de la boue, j’en ai fait de l’or».

Et le dialogue entre les disciplines que veulent les initiateurs (allant des arts visuels et de l’architecture, à la danse et à la performance) rappelle étrangement les « correspondances » du même poète qui font de l’artiste « un passeur » qui perçoit « les échos qui se confondent » « les couleurs et le sons qui se répondent » « les symboles et les analogies » , « passeur » qui nous aide à déchiffrer l’unité dans la diversité, l’utilité des arts dans leur inutilité même.

La biennale de Rabat trouvera sa place dans les innombrables biennales de par les grandes capitales du monde parce qu’elle ambitionne d’être, de devenir l’espace libre d’une créativité libre, liberté féconde s’exprimant dans les différentes manifestations de l’art contemporain.


Abdeljalil Lahjomri

Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc