Description du projet
Hania Hadjer Chabane née en Algérie en 1993 alors que le pays plonge lentement dans la guerre civile. D’abord diplômée d’architecture, elle choisit par la suite de se consacrer au cinéma. Politiquement engagée, elle rejoint le parti MDS (Mouvement Démocratique et Social) où elle organise entre autre le cinéclub et projette des films censurés par l’Etat.
Le 22 février 2019, lorsque toute l’Algérie sort manifester contre le 5e mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, elle est arrêtée une première fois par la police et retenue près de cinq heures au commissariat. Quelques semaines plus tard, elle est arrêtée une seconde fois et est conduite, avec dix autres activistes, au commissariat de Baraki, à trente kilomètres du centre d’Alger. Elle y est déshabillée, fouillée et humiliée. Depuis, Hania est seule à dénoncer, à visage découvert, les abus qu’elle a subis et intente même un procès contre la police algérienne.
Pour la Biennale de Rabat, elle viendra partager son expérience, nous rappelant – s’il était nécessaire de le faire – que la liberté est autant un droit qu’un combat.
Portrait
[…] J’ai toujours senti un énorme besoin de m’impliquer politiquement et le vendredi 22 février 2019, lorsque toute l’Algérie sort manifester contre le 5e mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, je suis parmi les manifestants de la capitale, je suis même très vite arrêtée, gardée pendant 5 heures au commissariat de police et lorsque je suis relâchée je ne rentre pas chez moi mais préfère rejoindre la foule qui a pris possession des rues d’Alger, et me laisse happer par la fièvre de la contestation que la ville n’avait plus connu depuis des lustres.
Très vite, je rejoins le parti MDS (Mouvement Démocratique et social), héritier du PAGS, l’ex-parti communiste algérien.
Je suis arrêtée une deuxième fois quelques semaines plus tard et subis un choc violent et humiliant lorsque, conduite avec dix autres activistes au commissariat de Baraki à 30 km du centre-ville d’Alger où l’arrestation a eu lieu, je me vois ainsi que les autres militantes femmes interpellées comme moi, déshabillée par les policières qui nous soumettent à une fouille corporelle extrêmement humiliante.
Ce moment est un tournant dans mon parcours de militante. […] Depuis, j’alterne mon travail de militante au MDS, où j’organise entre autres le cinéclub, où je projette des films censurés par l’Etat et mes projets personnels dans le domaine du cinéma et du théâtre. Je n’ai pas non plus arrêté le combat politique qui se déroule dans la rue, chaque vendredi en Algérie, et en préparant activement l’audience du procès que j’intente contre la police algérienne.