Lucia Koch est diplômée de l’Université fédérale du Rio Grande do Sul. De 1992 à 1996, elle travaille au sein du projet collectif Arte Construtora, réalisant des interventions éphémères au sein de maisons ou d’espaces naturels de la sphère urbaine. Artiste reconnue, elle a depuis exposé dans différents évènements internationaux comme la Biennale de Sharjah en 2013 ou la Biennale de Lyon en 2011.

Par des installations souvent monumentales, Lucia Koch questionne le cadre de l’architecture, la contrainte spatiale et son influence sur les habitudes humaines. Elle joue de l’éclairage naturel ou des architectures préexistante pour camoufler autant que révéler les formes.

A Rabat, dans la continuité du projet entamé à la Biennale de Lyon 2011, l’artiste installe trois panneaux d’affichage monumentaux dans l’espace public. Les photographies de l’intérieur de boites de carton, amplifiées au point de les transfigurer, deviennent alors des espaces virtuels, extensions imaginaires de la ville.

« Une fois les choses consommées et disparues, leurs emballages et boîtes vides deviennent incomplets et inutiles, des espaces sans contenu. Et si l’objet ultime était une image?

Les photographies que je fais des boîtes, projetées à une échelle architecturale, sont faites pour être perçues comme des espaces virtuels, des extensions du lieu où elles sont installées. Lorsqu’elles sont conçues pour une exposition, leurs mesures sont définies pour correspondre aux dimensions des murs existants, mais si nous les installons à l’extérieur, elles doivent trouver un degré similaire d’effet mimétique. Elles peuvent être affichées sur des panneaux qui annonceraient ou feraient de la publicité du nouvel espace. C’est le cas des pièces créées pour la Biennale de Rabat.

Prochainement / aujourd’hui sont des mots affichés sur la façade du cinéma 7ème Art, sur des cadres censés annoncer les projections actuelles et à venir. Ils sont également le titre du nouveau panneau d’affichage dans l’enceinte du cinéma pour lequel l’image a été inspirée par ces soufflets caractéristiques des appareils photos anciens et ont une forme semblable à celle du bâtiment suggérant la ressemblance avec l’intérieur du cinéma que les gens ne peuvent habituellement pas voir.

Le titre de la pièce Terrain de proximité a été trouvé en flânant lors d’une promenade dans les rues de Rabat, tout comme les deux boîtes à biscuits retournées et photographiées pour l’oeuvre. Le motif qui habille maintenant leurs murs internes est familier : la géométrie et les couleurs évoquent à la fois la culture visuelle africaine et brésilienne.

Cachoeira, exposée près de la fontaine du musée des Oudayas, a été produite lors d’une visite dans une petite ville du sud du Brésil en 2011. J’avais visité les fontaines lumineuses de Cachoeira do Sul 40 ans auparavant et ces « eaux dansantes » étaient mon seul souvenir et restaient depuis lors une source d’inspiration puissante. L’installation vidéo montre 3 projections synchronisées : dans l’une nous voyons une grande image de la fontaine, les eaux dansant dans une chorégraphie que j’ai créée ; la seconde est une image verticale des étapes colorées de la lumière et la troisième fut filmée pendant que Bugre, le technicien, actionnait les robinets d’arrêt sous terre pour ouvrir et fermer l’eau. La chanson Chuá Chuá fait partie de la bande originale de la fontaine depuis son inauguration et a été mon guide pour l’intégralité de l’œuvre.

Si Cachoeira aborde l’origine des choses, les panneaux publicitaires annoncent un avenir incertain qui ne peut être expérimenté que dans l’instant présent. »

L.K