Description du projet
Alors en cours séjour à Londres en 1975, le déclenchement de la guerre civile libanaise empêche Mona Hatoum de revenir dans son pays. Malgré de nombreux voyages pour ses résidences et expositions, elle vit à Londres depuis lors.
L’œuvre à la fois poétique et politique de Mona Hatoum se compose de techniques diverses, souvent non conventionnelles allant de l’installation à la sculpture, en passant par la vidéo, la photographie ou les œuvres sur papiers.
Mona Hatoum est d’abord reconnue au milieu des années 1980 pour une série de performances et d’œuvres vidéo se concentrant sur le corps. Dans les années 90, son travail se dirige vers les installations et sculptures monumentales visant à provoquer chez le visiteur des émotions contradictoires de désir et de répulsion, de peur et de fascination.
Pour formuler un hommage à cette grande artiste, la Biennale de Rabat présente une sélection de quatre œuvres, donnant à voir tant la diversité de sujets que la diversité de techniques. De l’exil de Measures of Distance à la subversion de Keffieh, les œuvres sélectionnées soulignent chacune l’engagement politique de l’artiste à travers son œuvre.
2018
Mona Hatoum : Terra Infirma
Pulitzer Arts Foundation, St Louis, Etats-Unis.
2017
Documenta 14
Cassel, Allemagne.
2016
Mona Hatoum
Tate Modern, Londres, Royaume-Uni.
2015
Mona Hatoum
Centre Pompidou, Paris, France.
2005
51ème Biennale de Venise
Venise, Italie.
Studio
Oeuvres
Baluchi (Red)
2007
Tissage
Laine, coton
126 x 232 cm
Collection D. Daskalopoulos
Current Disturbance
1996
Installation
Bois, cables électriques, ampoules, variateur, enceintes
279 x 550 x 504 cm
Collection D. Daskalopoulos
Keffieh
1999
Broderie
Broderie d’application de cheveux naturels de femme sur voile de coton de Bédouin
115 x 115 cm
Collection Centre national des arts plastiques
Don de l’artiste en 2000
Keffieh, 1993
Avec Keffieh, Mona Hatoum fait brodé les motifs noirs et distincts du Keffieh, le foulard traditionnel arabe, en utilisant de long brins de cheveux humains. Il existe une expression en arabe qui dit quelque chose comme ‘J’étais si en colère que j’aurais pu m’arracher les cheveux’ qu’Hatoum perçoit comme l’expression d’une colère contrôlée. Elle imagine des femmes, arrachant leurs cheveux de colère, tout en la contrôlant au travers de l’acte patient de la broderie, transformant leurs propres cheveux en un vêtement de tous les jours, devenus symbole de la résistance Palestinienne. L’acte de la broderie est, dans ce cas précis, un autre langage : une forme de protestation silencieuse. Puisque le keffieh est usuellement porté par les hommes et devenus le symbole de la résistance Palestinienne, il possède une aura définitivement masculine. Cette œuvre constitue une tentative de féminisation du vêtement. D’un autre côté, le foulard, en particulier dans le monde arabe, est souvent utilisé pour couvrir les cheveux de la femme. Ce foulard introduit ainsi une contradiction tandis que le cheveu féminin, habituellement caché, semble avoir transpercé les frontières.
Baluchi (red), 2007
Baluchi (red), un tapis oriental traditionnel, semble dans un état de désintégration alors que de larges parties de laine paraissent mitées ou usées. Après un second regard, les motifs supposés hasardeux s’assemblent pour former une carte mondiale.
Dans cette œuvre, Hatoum use d’une inversion positive-négative en dessinant les masses des continents par le retrait méticuleux de matière sur le tapis, laissant des marques à la manière de fissures ou fossés. Cette œuvre présente une vue peu familière du monde en reprenant la projection de Peters – une représentation égalitaire des masses continentales dans leurs proportions réelles – opposée à celle, plus familière, d’un monde dessiné d’une perspective nordiste et dominante.
Current Disturbance, 1996
Dans cette installation monumentale, la lumière s’estompe et disparaît à intervalles irréguliers, enluminant sporadiquement l’espace environnant, accompagné par le son du bourdonnement et du crépitement de l’électricité.
Référant à la fois au corps humain et aux systèmes rigides de contrôle institutionnel, Current Disturbance combine le son et la lumière pour créer une expérience intense. La source de lumière émerge d’ampoules placées au sein de cages grillagées sur une structure de bois cubique quand le son est créé par l’amplification du courant électrique traversant la multitude de câbles couvrant le sol.
Le tout offre un spectacle attrayant, bien qu’alimenté par un esprit menaçant ou même persécutant. En créant cette pièce, l’artiste évoque la « rencontre avec les structures architecturales et institutionnelles dans l’environnement urbain occidental », dans lesquelles elle vit depuis son arrivée à Londres à l’éclosion de la guerre civile libanaise en 1975.
1.Citation de Mona Hatoum/Janine Antoni, Interview pour BOMB Magazine 63, 1998
Measures of Distance, 1988
Cette vidéo est produite à partir d’une série de plans fixes de la mère de Mona Hatoum dans la douche de la maison de famille à Beirut. Les images, en gros plans, sont juxtaposées à l’écriture arabe, à la manière d’un rideau ou d’un voile, reprenant les lettres de la mère, à Beirut, à l’artiste, à Londres. Le son lui, laisse entendre une conversation animée entre la mère et sa fille, superposée à la voix de l’artiste lisant la traduction anglaise des lettres reçues. Pour Hatoum, si l’œuvre dresse le portrait de l’intimité émotionnelle de la relation mère-fille, elle traite aussi de l’exil, du déplacement, de la désorientation et du sentiment de perte résultant de la séparation causée par la guerre.