Tatiana Bilbao débute ses études de dessin à l’Université  ibero-américaine (UIA) de Mexico puis poursuit son parcours en Italie avant de revenir à l’UIA où elle obtient en 1996 un diplôme en architecture et urbanisme. Après avoir cofondé en 1999 le Laboratoire de recherche sur l’architecture et l’urbanisme à Mexico (LCM), Tatiana Bilbao crée en 2004 une agence spécialisée dans le logement et l’architecture durable.

Son travail allie modernité et artisanat, mobilisant des techniques traditionnelles comme la terre battue qu’elle mélange au ciment ou la pierre sèche mêlée au béton. Elle réalise notamment la maison de l’artiste Gabriel Orozco en 2008 à Mexico ainsi que la maison d’Ajijic, en terre battue, en 2010 au Mexique.

Commandité par le gouvernement mexicain pour encourager l’accès à la propriété des familles à faibles revenus, Sustainable House répond à la pénurie de logement dont souffre le Mexique. Par une architecture abordable, Tatiana Bilbao réaffirme le droit élémentaire au logement et à la dignité et pose les fondements d’un monde enfin égalitaire.

« Le logement social est l’un des problèmes les plus urgents auxquels l’architecture doit faire face à l’heure actuelle. Avec aujourd’hui 128 millions de Mexicains – une population qui connaît l’un des taux de croissance les plus rapides d’Amérique latine – vivant au sein de trente millions de ménages, le pays se retrouve confronté à une pénurie de plus de neuf millions de logements.

C’est dans ce contexte que Tatiana Bilbao Estudio a développé un projet de logement abordable. Le foyer est le théâtre des événements en perpétuelle évolution de nos vies. C’est pourquoi le logement doit pouvoir s’adapter à une variété de situations, de manière à permettre aux habitants de configurer, d’organiser et d’agrandir l’espace à leur guise. […] Pour concevoir une telle plateforme, […]nous nous sommes efforcés de concevoir une maison qui ait une apparence finie mais qui soit facile à agrandir, en réponse à l’aspect inachevé de la plupart des quartiers autoconstruits – où les barres d’armature dépassent des plafonds et où les murs en blocs de béton laissés à nu dessinent un paysage morne –, dû au fait que les familles restent réticentes à apporter les « finitions » à leurs maisons tant qu’il existe encore des possibilités d’agrandissement.

Le projet a pour principal objectif l’inclusion sociétale de l’autre – c’est-à-dire des Mexicains se trouvant en marge de la société, qu’ils soient sans-abri ou vivent isolés en périphérie des villes –, en permettant à ces citoyens d’exercer leur droit au logement tel qu’il est inscrit dans la constitution. Sa conception démontre à quel point il est important que les habitants disposent d’un espace privé dont ils puissent revendiquer la propriété, mais qui soit néanmoins connecté au voisinage, au tissu urbain et à la communauté dans son ensemble. »

Tatiana Bilbao Estudio

Extrait de la Note d’intention publiée à dans le catalogue Marcher dans le rêve d’un autre, Biennale d’Architecture d’Orléans, 2017