Description du projet

Biographie

Zoulikha Bouabdellah

Née en 1977 à Moscou, Russie.

Vit et travaille à Casablanca.

Biographie

Zoulikha Bouabdellah

Née en 1977 à Moscou, Russie.

Vit et travaille à Casablanca.

Zoulikha Bouabdellah grandit à Alger et rejoint la France en 1993 où elle obtient le Diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Cergy-Pontoise en 2002.  Très vite, son travail intègre la programmation de structures culturelles majeures, à l’instar du Centre Pompidou ou de la Tate Modern.

Sous la forme d’installations, de vidéos ou de dessins, ses œuvres interrogent les icônes et les représentations dominantes en les confrontant aux dynamiques géopolitiques et aux problématiques globales liées aux conflits, à la sexualité ou à la place des femmes. Véritables déconstructions des normes sociales, elles opèrent un questionnement de la culture et de la création, de la production et de l’industrialisation.

La Biennale de Rabat fait le choix de juxtaposer au regard de l’artiste sur la femme son interprétation du masculin en confrontant Les Hommes de la Plage à l’œuvre Envers/Endroit. Se jouant du visible et de l’invisible, l’un par l’absence du féminin, l’autre par sa fragmentation, les deux œuvres posent un regard critique sur la place de la femme dans la société contemporaine.

2017

Le Boudoir

Institut Français de Casablanca, Maroc.

2017

‘E­Mois‘

Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden ­ MACCAAL, Marrakech, Maroc.

2012

Any Resemblance To Actual Persons Living Or Dead Is Purely Coincidental

Gallery Isabelle van den Eynde, Dubai, Emirats Arabes Unis.

2008

Paradise Now! Essential French Avant­Garde Cinema, 1890-2008

Tate Modern, Londres, Royaume-Uni.

2005

Africa Remix

Centre Georges Pompidou, Paris, France.

Portrait

Oeuvres

Toujours guidée par le besoin du détournement, j’ai dernièrement choisi, avec le diptyque vidéographique Envers/Endroit, de procéder à un travail de reconstitution, par le biais d’un collage de tableaux célèbres et emblématiques de l’art occidental. J’en ai identifié trois, que j’ai sélectionné en raison de leur rôle majeur dans l’Histoire mais aussi et surtout pour leur caractère résolument profane : Olympia d’Édouard Manet (1863), Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs de l’école de Fontainebleau (1594) et le thème des Trois grâces – qui a inspiré des peintres, comme Raphaël, qui en fît un de ses premiers tableaux profanes, aussi bien que Rubens, Cranach l’Ancien ou Regnault, mais aussi des sculpteurs, dont Dantoine, Canova, Maillol, Mack et même Niki de Saint Phalle.

La division-fusion que j’opère en redessinant ces fameuses toiles interroge deux conceptions différentes de fabrication de l’image : l’une figurative et l’autre abstraite. Au- delà de la dichotomie dans la définition de l’image, le projet Envers/Endroit entend générer une syntaxe plus complexe en mettant à l’épreuve la nature même du phénomène visuel. La superposition des œuvres précitées crée une dynamique visuelle via la juxtaposition de détails des tableaux. Il en résulte une vision ambivalente qui mêle une représentation générale abstraite composée d’éléments visuels parfaitement identifiables. La temporalité de ce montage fonctionne sur un mode linéaire ou narratif, son expression fonctionnant sur le principe de l’espace-temps. Chacune des scènes se déroule ainsi dans un temps différent, ces moments différents se déroulent pourtant en même temps et selon la même durée.

Les trois tableaux dans chaque cadre se superposent, mais ce même cadre laisse entrevoir une partie de chacune des toiles. Un jeu de caché-montré s’instaure ainsi sur toute la durée de la vidéo, qui se joue de la question ontologique de l’absence et de la présence.  A travers l’exploration de la notion de cadre-hors cadre, un système de représentation propre aux deux systèmes de l’image, qu’il soit pictural ou filmique, le résultat est celui d’une image qui vit librement et qui accentue la dynamique de ces femmes en action dans la vidéo : elles croquent dans des pommes, l’une accepte des fleurs pendant que l’autre pince le téton de sa sœur. Ces trois actions, qui s’incarnent bien évidemment dans les tableaux originaux de manière absolument figées, offrent une richesse de symboles dont la densité est absolument exceptionnelle dans l’histoire de la peinture profane : la découverte de la différence entre le bien et le mal, l’acceptation d’être courtisée ou  encore l’affirmation du rôle de femme-nourricière font des femmes peintes non plus des objets de contemplation mais bien des sujets de leurs destins. Une fois encore, ce travail se veut un retournement de l’histoire du rôle et de la place des femmes dans l’histoire officielle de l’art : elles ne sont plus des êtres soumis à la vision qu’en ont les hommes mais des sujets conscients de leur condition.

Dans l’installation « Les Hommes de la plage », il s’agit d’homme comme le titre l’indique déjà. La vidéo montre des jeunes hommes au corps musclé jouant devant nous une chorégraphie sensuelle. Ces hommes très nombreux jouent au football sur une plage où leur présence majoritaire pose la question du genre qui par sa manifestation et/ou son absence devient un sujet politique. La quasi absence du sujet féminin le rend étonnamment de plus en plus présent dans l’esprit du spectateur. Cette longue mélopée d’image nous place au coeur de notre monde contemporain, au coeur d’un combat essentiel celui du regard de la femme, sa place pleine et entière. Ce regard d’amour pour ces hommes, de désir simple et direct : est la parabole du combat peut-être le plus essentiel de notre temps! Cette installation vidéo composée de deux projections, invite le spectateur à se placer comme un regardeur actif qui tout du long de la vidéo ne cesse de devoir faire le lien entre les images ou même parfois sacrifier un plan au profit d’un autre.